Une vision de l’avenir de la télémédecine
Cet article a été initialement publié sur www.CanadianHealthcareNetwork.ca
RÉDIGÉ PAR TIM WILSON LE 15 MARS 2017 POUR CANADIANHEALTHCARENETWORK.CA
À l’heure actuelle, la capacité en matière de prestation de services médicaux à distance se limite à une modeste brochette de services pouvant être dispensés à partir d’un cabinet de médecin, d’une clinique ou d’un hôpital. Par conséquent, la promesse de la télémédecine est réalisée à raison d’une solution à la fois et des technologies uniques sont déployées dans des disciplines précises.
La réussite passe normalement par un processus d’agrément détaillé, comme en témoigne la récente décision du Réseau Télémédecine Ontario («OTN») d’opter pour la plateforme iVision de Retina Labs, société sise à Montréal, pour son programme provincial de téléophtalmologie.
« La DP [demande de propositions] a été émise en mars 2016 et le contrat a été attribué en décembre 2016, explique Richard Pridham, président et chef de la direction de Retina Labs RD inc. Le processus de DP était exhaustif, plusieurs fournisseurs étaient en concurrence et le tout s’est déroulé en plusieurs étapes. Une liste de quatre fournisseurs présélectionnés a été dressée pour l’étape de la démonstration. De cette liste, deux fournisseurs ont été retenus et une évaluation exhaustive des produits proposés par chacun a été menée. Il y avait aussi un volet concernant la viabilité financière du fournisseur. »
Au bout du compte, selon M. Pridham, Retinal Labs a été choisie en raison de la pertinence clinique de sa solution, conçue spécifiquement pour dépister la rétinopathie diabétique, laquelle a satisfait ou dépassé toutes les exigences.
« Un autre élément important est que notre écosystème de produits offre d’autres capacités, ajoute M. Pridham. Cela comprend des références électroniques et la téléconsultation en direct. De plus, nous proposons des modules d’interprétation cliniquement validés pour d’autres maladies comme la rétinopathie des prématurés, la dégénérescence maculaire liée à l’âge et le glaucome. »
À ce jour, l’OTN est le mieux connu pour son initiative de télésoins à domicile, qui permet d’offrir aux patients souffrant d’insuffisance cardiaque et de maladies pulmonaires obstructives chroniques les soins et l’encadrement dont ils ont besoin, chez eux. Une autre initiative, TéléAVC, permet à des spécialistes en AVC de collaborer avec des médecins de 23 hôpitaux traitants de l’Ontario. Maintenant, Retina Labs et le programme de téléophtalmologie du OTN ouvrent la porte à une prestation optimale de services à moindre coût.
« D’une perspective de santé publique ainsi que du point de vue financier, nous permettons à la province d’économiser des millions de dollars grâce à la détection précoce et l’accélération des traitements, explique M. Pridham. De plus, en accroissant l’efficacité du processus de classement [des patients], nous permettons aux ophtalmologistes de consacrer plus de leur temps de travail à des cas plus critiques – par exemple, à des patients atteints de rétinopathie diabétique – ainsi qu’aux traitements. »
M. Pridham souligne l’importance de garder à l’esprit qu’entre 20 % et 30 % de tous les cas positifs de rétinopathie diabétique sont traitables.
« Cela signifie que les médecins consacrent beaucoup de temps à examiner les rétines de personnes autrement en bonne santé, dit-il. En établissant un programme de classement provincial et en utilisant un logiciel d’automatisation de l’analyse rétinienne – qui s’inscrit dans notre projet de détection de la rétinopathie diabétique par algorithmes –, nous atténuons le fardeau financier et améliorons la capacité de traitement de patients. »
Le nombre de cas de rétinopathie diabétique est en hausse en Ontario. On estime que 1,2 million de personnes sont atteintes de diabète en Ontario et que 20 % de celles-ci perdront la vue. Surtout, 35 % de ces personnes ne seraient pas dépistées annuellement. Toutefois, la société canadienne Retina Labs est d’avis que la situation est encore plus grave aux États-Unis.
« Le problème est de loin plus aigu aux États-Unis, où l’on estime que quelque 30 millions de personnes sont diabétiques et que le taux de non-conformité en ce qui concerne le dépistage s’établit à entre 40 % et 50 % », indique M. Pridham, qui peut reposer ce qu’il avance sur de nombreuses études, dont une menée par l’American Academy of Ophthalmology.
À l’heure actuelle, la rétinopathie diabétique est la cause de cécité la plus courante parmi les personnes âgées de moins de 65 ans et la cause la plus courante des nouveaux cas de cécité en Amérique du Nord. L’Association canadienne du diabète estime qu’environ deux millions de personnes au Canada – ayant presque toutes reçu un diagnostic de diabète – sont atteintes d’une certaine forme de rétinopathie diabétique.
Pourtant, le Canada n’affiche pas le meilleur rendement possible en matière de dépistage. Par exemple, dans le cadre d’un programme de dépistage mené dans plusieurs provinces en 2009, il a été établi que 38,7 % des répondants n’avaient jamais subi un examen de la vue et que 30,1 % n’avaient subi aucun examen de la vue depuis deux ans. Bien que ces données ne soient pas récentes, il n’y a pas grand-chose pour suggérer que la situation se soit améliorée de façon marquée au Canada. Cette nouvelle approche déployée par l’OTN et Retina Labs pourrait produire des résultats remarquables, en partie parce qu’elle est inspirée de ce qui se fait bien ailleurs.
« La palme en matière de dépistage de la rétinopathie diabétique revient au Royaume-Uni, où les taux de conformité sont supérieurs à 97 %, ajoute M. Pridham. Les Britanniques ont réussi à atteindre de tels résultats en ajoutant le dépistage au bouquet de soins de santé primaires. Ils mènent des programmes de sensibilisation publique et ont mis en œuvre une approche et un système normalisés pour gérer l’ensemble du processus. C’est ce que cherche à accomplir l’OTN et notre système lui permettrde le faire. »
La plateforme infonuagique iVision de Retina Labs est extensible et respecte l’ensemble des exigences de la réglementation canadienne. La solution est hébergée au Canada et repose sur une infrastructure certifiée SSAE 16 de niveau II. L’OTN y apportera une valeur ajoutée en tirant profit de la solution développée par Retina Labs pour réduire les coûts d’exploitation tout en optimisant la prestation de services.
« La clé sera la gestion du programme de dépistage par la province ainsi que l’efficacité du programme, conclut M. Pridham. Par exemple, les patients n’auront pas à consulter un professionnel des soins de la vue en personne. Ils pourront se rendre à une clinique communautaire et se faire photographier le fond des yeux par un technicien. Les images prises sont automatiquement téléversées à notre plateforme. Donc, au lieu de faire évaluer les images par un ophtalmologiste, les images pourront d’abord être examinées par des personnes ayant été formées pour détecter la rétinopathie diabétique. »
Ensuite, les cas positifs détectés seront acheminés à un ophtalmologiste aux fins d’une interprétation finale et d’une recommandation. À long terme, il y a un potentiel d’économies financières pour le système et la qualité des soins sera améliorée. N’est-ce pas le modèle d’excellence auquel doit aspirer toute nouvelle technologie de la santé?